Le Groupe d’action financière (GAFI) est un organisme intergouvernemental qui supervise les tendances mondiales en matière de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme. Il collabore avec ses États membres et les organisations régionales pour élaborer un cadre juridique, réglementaire et opérationnel permettant de lutter contre ces menaces. Dans le cadre de ses efforts, le GAFI gère une liste noire, officiellement connue sous le nom de juridictions à haut risque faisant l’objet d’un appel à l’action, et une liste grise. La liste grise intègre les pays qui se sont engagés à résoudre les lacunes stratégiques de leur politique en matière de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme (LCB-FT). Compte tenu du risque réglementaire potentiel en lien avec les pays qui ne respectent pas les normes internationales de conformité, les établissements financiers doivent connaître les pays figurant sur les listes noires et grises du GAFI et savoir ce qu’implique cette désignation.
Qu’est-ce que la liste noire du GAFI ?
Parfois appelée liste noire de l’OCDE, la liste noire du GAFI est une liste de pays que l’organisation intergouvernementale considère comme ne coopérant pas à l’effort mondial de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. En publiant cette liste, le GAFI espère encourager les pays à améliorer leurs régimes réglementaires et à établir un ensemble mondial de normes et de standards en matière de LCB-FT. Les pays figurant sur la liste noire feront probablement l’objet de sanctions économiques et d’autres mesures d’interdiction de la part des États membres du GAFI et des organisations internationales.
Document vivant, la liste noire est régulièrement publiée et mise à jour à l’occasion de rapports officiels du GAFI. Des pays y sont ajoutés puis retirés lorsque leur régime LCB-FT s’adapte pour répondre aux normes pertinentes du GAFI. La première liste noire du GAFI publiée en 2000 comportait quinze pays. Depuis lors, cette liste a été publiée une fois par an, voire tous les six mois, dans le cadre des déclarations, comptes-rendus et rapports officiels du GAFI.
Le GAFI cite des lacunes importantes dans le régime LCB-FT des pays inscrits sur sa liste noire et suggère aux autres pays de faire preuve d’une extrême prudence lorsqu’ils traitent avec des entreprises implantées dans ces juridictions. Le GAFI a appelé ses États membres à « appliquer des contre-mesures efficaces » dans leurs relations commerciales avec la Corée du Nord, l’Iran et la Birmanie, tout en notant que l’Iran s’était déjà engagé à améliorer sa réglementation LCB-FT. En conséquence, le GAFI a défini un processus pour retirer l’Iran de la liste avec obligation de ratifier la convention de Palerme et la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme.
Bien qu’il n’ait pas directement de pouvoirs d’enquête, le GAFI surveille de près les régimes LCB-FT au niveau international afin d’actualiser en continu sa liste noire. Certains observateurs ont critiqué l’utilisation du terme « non coopératifs » en référence aux pays figurant sur la liste noire, soulignant que certains d’entre eux, plutôt que d’agir au mépris des bonnes pratiques internationales, ne disposent tout simplement pas de l’infrastructure réglementaire ou des ressources nécessaires pour appliquer les normes LCB-FT édictées par le GAFI.

Qu’est-ce que la liste grise du GAFI ?
Officiellement appelée Juridictions soumises à une surveillance renforcée, la liste grise du GAFI comprend des pays dont les régimes LCB-FT présentent des lacunes. Tout comme la liste noire, la liste grise a été créée en 2000 et fait l’objet d’une actualisation régulière. Les pays placés sur la liste grise font l’objet d’une surveillance accrue et doivent travailler avec le GAFI à l’amélioration de leur régime LCB-FT.
Pour ce faire, le GAFI les évalue directement ou fait appel à des organismes régionaux de type GAFI (ORTG) qui rendent compte de leurs progrès en termes LCB-FT. Bien que le classement sur la liste grise ne soit pas aussi négatif que celui sur la liste noire, les pays figurant sur cette liste peuvent toujours faire l’objet de sanctions économiques de la part d’institutions telles que le FMI et la Banque mondiale et subir des effets négatifs sur leur commerce.
La liste grise est régulièrement actualisée et de nouveaux pays sont ajoutés tandis que d’autres sont retirés une fois leur plan d’action achevé. En Juin 2025, la liste grise du GAFI comprenait les pays suivants :
- L’Algérie
- L’Angola
- La Bolivie
- La Bulgarie
- Le Burkina Faso
- Le Cameroun
- La Côte d’Ivoire
- La République démocratique du Congo
- Haïti
- Les îles vierges britanniques
- Le Kenya
- Le Laos
- Le Liban
- Malte
- Monaco
- Le Mozambique
- La Namibie
- Le Népal
- Le Nigeria
- L’Afrique du Sud
- Le Soudan du Sud
- La Syrie
- Le Venezuela
- Le Vietnam
- Le Yémen
Guide sur la liste grise du GAFI
Notre guide aide les entreprises à comprendre l'importance de la liste grise, explique les critères d'évaluation du GAFI, et présente un plan d'action stratégique en cas d'inscription sur cette liste.
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Ajouts récents aux listes grise et noire du GAFI
Le GAFI examine en permanence les performances de ses États membres en matière de LCB-FT pour évaluer leur alignement sur ses recommandations réglementaires. Le GAFI a récemment ajouté les pays suivants à sa liste grise :
L’Algérie : En octobre 2024, l’Algérie a été inscrite sur la liste grise du GAFI. Le plan d’action élaboré pour le pays met l’accent sur plusieurs points cruciaux : l’amélioration de la surveillance basée sur les risques, la mise en place d’un système robuste pour la collecte d’informations sur les bénéficiaires effectifs, le renforcement des procédures de déclaration des transactions suspectes, l’application plus rigoureuse des sanctions financières liées au financement du terrorisme, ainsi qu’une supervision accrue du secteur à but non lucratif.
L’Angola : Après l’adoption de son rapport d’évaluation mutuelle en juin 2023, l’Angola a progressé sur certaines de ses actions recommandées. Cependant, le GAFI a depuis identifié des lacunes dans le régime LCB/FT du pays. Parmi ces lacunes figurent une compréhension insuffisante des risques de BC-FT, un manque de surveillance des entités non financières, un faible taux de poursuites pour les infractions liées au blanchiment et au financement du terrorisme, ainsi que des retards dans l’application des sanctions. En conséquence, l’Angola a été inscrit sur la liste grise du GAFI en octobre 2024.
La Côte d’Ivoire : En octobre 2024, la Côte d’Ivoire a rejoint la liste grise du GAFI, malgré des avancées notables suite aux recommandations de son rapport d’évaluation mutuelle de juin 2023, notamment le renforcement de son dispositif juridique en matière de LCB/FT. Le pays s’engage à poursuivre sa collaboration avec le GAFI pour mettre en œuvre son plan d’action. Celui-ci vise principalement à accroître les poursuites judiciaires liées au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme, à consolider le régime de sanctions, et à améliorer ses procédures de vérification des bénéficiaires effectifs.
Le Laos : Malgré les efforts du Laos pour répondre aux recommandations de son REM de 2023 — notamment le renforcement des ressources de la cellule de renseignement financier (CRF) et la suppression des actions au porteur — le GAFI a relevé des défis majeurs persistants dans l’évaluation des risques du pays, la surveillance réglementaire et l’application effective des lois. Par conséquent, le GAFI a inscrit le Laos sur la liste grise et identifié les priorités d’amélioration suivantes :
- Renforcer la supervision fondée sur les risques des secteurs à haut risque, en particulier les casinos et les zones économiques spéciales (ZES).
- Améliorer la diffusion des renseignements financiers aux autorités compétentes.
- Intensifier les enquêtes et les poursuites en matière de blanchiment de capitaux, notamment pour les crimes financiers transnationaux.
Le Liban : Le GAFI a placé le Liban sur la liste grise en octobre 2024, les évaluations des risques LCB/FT du pays, son approche du recouvrement des avoirs et les informations à jour sur les bénéficiaires effectifs étant tous cités comme des domaines à améliorer. Néanmoins, compte tenu des défis sociaux, économiques et sécuritaires auxquels le Liban fait face depuis l’invasion israélienne d’octobre 2024, le GAFI n’a pas préconisé l’application de mesures de vigilance renforcée (MVR) ni de contre-mesures à l’encontre du pays.
Monaco : Monaco, qui a la plus grande concentration de millionnaires et de milliardaires au monde, a été ajouté à la liste grise en juin 2024 en raison de progrès insuffisants dans la lutte contre les flux financiers illicites. Cette décision fait suite à un examen par MONEYVAL en janvier 2023 qui a révélé que, bien que Monaco ait fait certains progrès dans l’identification des menaces de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme, il restait d’importantes lacunes dans ses capacités d’enquête et de poursuite.
Le Népal : Bien que le Népal ait apporté des modifications législatives en 2024 pour s’aligner sur les normes du GAFI, le pays a rencontré des difficultés dans la mise en œuvre et l’application, en particulier en ce qui concerne la surveillance du secteur financier, l’efficacité des poursuites et la conformité réglementaire. Le Groupe Asie/Pacifique sur le blanchiment de capitaux (GAP) avait précédemment signalé la lenteur de la réponse du Népal aux recommandations clés de son rapport d’évaluation mutuelle (REM) de 2022, qui soulignait les lacunes persistantes dans la surveillance des secteurs à haut risque et l’application des lois sur les crimes financiers. Ces insuffisances, associées aux défis historiques du Népal en matière de maintien de la transparence financière, ont conduit le GAFI à placer le pays sous surveillance renforcée.
Le Venezuela : Début 2022, une équipe d’évaluation a visité le Venezuela pour préparer le MER du pays. L’équipe a soulevé des préoccupations concernant les risques de blanchiment d’argent associés à la grande économie informelle du pays, qui comprend l’exploitation minière illégale. Ils ont également souligné les menaces de financement du terrorisme liées à l’alliance économique étroite entre Caracas et Téhéran. En conséquence, le Venezuela a été ajouté à la liste grise en juin 2024.
Retraits récents des listes grise et noire du GAFI
Tout comme des pays sont régulièrement ajoutés aux listes noire et grise, les pays qui font des avancées dans la résolution de leurs lacunes en matière de LCB-FT sont retirés. Dans cet esprit, le GAFI a récemment retiré les pays suivants de la liste grise.
La Croatie : La Croatie a été ajoutée à la liste grise en juin 2023 en raison de préoccupations concernant sa capacité à détecter et enquêter sur le financement du terrorisme, à soutenir les organisations à but non lucratif vulnérables aux abus liés au financement du terrorisme, et à mettre en œuvre les sanctions financières de l’ONU, entre autres. Le GAFI a désormais salué les progrès de la Croatie dans la résolution de ces lacunes et a encouragé la juridiction à poursuivre ses efforts de sensibilisation sur les risques de financement du terrorisme dans le secteur à but non lucratif.
La Jamaïque : En 2020, la Jamaïque a été ajoutée à la liste grise et s’est engagée à modifier ses obligations de diligence raisonnable envers les clients. Depuis lors, la Jamaïque a travaillé à la mise en œuvre de son plan d’action en développant une compréhension plus complète de son risque de BC-FT. Incluant tous les établissements financiers et DNFBPs dans le régime de LCB-FT, en prenant des mesures pour prévenir l’abus d’entités juridiques, en augmentant l’utilisation des informations financières, et en mettant en œuvre des sanctions financières ciblées pour le financement du terrorisme sans délai. En conséquence de ces actions, la Jamaïque a été retirée de la liste grise en juin 2024.
Le Mali : Placé sur la liste grise en 2021, le Mali s’est vu confier un plan d’action qui comprenait la diffusion des résultats de son évaluation nationale des risques aux parties prenantes concernées, la mise en œuvre d’une approche basée sur les risques pour la supervision des institutions financières (IF) et des EPNFD, l’évaluation des risques de son secteur juridique, et plus encore. Le Mali n’est désormais plus sur la liste grise, ayant satisfait aux exigences du GAFI concernant ce plan.
Les Philippines : La décision de retirer les Philippines de la liste grise intervient après quatre années de collaboration étroite avec le GAFI pour corriger les lacunes stratégiques de son cadre réglementaire financier. Le GAFI a salué les avancées majeures des Philippines dans le renforcement de ses mesures législatives, notamment par la modification de la loi anti-blanchiment d’argent (AMLA) en 2021 et l’obligation faite aux agences concernées de participer aux évaluations nationales des risques de blanchiment et de financement du terrorisme en octobre 2023. Suite à une évaluation sur place confirmant l’application effective de ces réformes, le pays a été retiré de la liste.
La Turquie : En 2021, la Turquie a été ajoutée à la liste grise et s’est engagée à mettre en œuvre son plan d’action du GAFI en renforçant la supervision de la LCB-FT, en imposant de fortes pénalités pour les violations, et en améliorant l’utilisation du renseignement financier. En juin 2024, la Turquie a été retirée de la liste grise en raison d’améliorations positives.
Filtrage et supervision des listes grise et noire
Étant donné le risque accru de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme que présentent les pays inscrits sur la liste noire et la liste grise, la plupart des autorités financières exigent des établissements qu’ils mettent en place une protection LCB-FT adaptée et fondée sur le risque pour atténuer cette menace.
Par conséquent, les établissements doivent vérifier si leurs clients figurent sur la liste noire et la liste grise du GAFI lors de leur entrée en relation d’affaires et tout au long de leur relation et superviser leurs transactions de manière continue. Pour opérer un filtrage précis, les établissements doivent s’assurer que les mesures prises dans le cadre de leur obligation de vigilance raisonnable permettent de vérifier si le client réside dans ou fait des affaires avec des pays inscrits sur ces deux listes. Ils doivent également vérifier que leur logiciel de supervision des transactions permet d’examiner le volume, la fréquence et les caractéristiques des transactions impliquant des pays à haut risque afin d’établir une éventuelle activité criminelle, dont le blanchiment d’argent.
S’ils détectent une activité suspecte, les établissements doivent communiquer une déclaration d’activité suspecte (SAR) aux autorités financières compétentes afin que des mesures coercitives puissent être prises.
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Publié initialement
21 mars 2023, mis à jour 30 juin 2025